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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/320

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t’es permis. J’ai plus du double de ton âge et tu es le fils d’un homme qui fut mon ami. Ces raisons-là ne m’empêcheront pas de me battre. Tu as besoin d’une leçon ; tu l’auras.

— Je la recevrai sans me plaindre.

— Et bien tu feras. Donc, c’est convenu. Demain, tu recevras mes témoins.

Maintenant, tu vas m’apprendre pourquoi tu t’es permis de m’accuser publiquement d’une infamie. La ridicule idée que j’étais l’amant de cette petite ne t’est pas venue toute seule. On a dû te la souffler.

— Vous avez deviné. J’ai reçu une lettre anonyme.

— Je m’en doutais. Et tu as été assez niais pour y croire !

— Je n’y ai pas cru d’abord. Mais pendant la représentation, j’en ai reçu une autre. Et dans celle-là on m’annonçait que ma mère venait d’arriver… qu’elle m’attendait dans mon appartement… J’ai cru que le message venait de vous.

— Vraiment ?… Et l’écriture ? tu ne t’es pas aperçu que ce n’était pas la mienne ?

— Vous ne m’avez jamais écrit.

— C’est vrai, au fait ! Et alors ?…

— Alors, je suis sorti avant la fin du deuxième acte. J’ai pris un fiacre qui m’a conduit chez moi, où mon portier m’a dit qu’il n’était venu personne. J’ai compris qu’on s’était moqué de moi, et je me suis fait ramener au théâtre où je suis arrivé pendant le dernier entracte… Vous savez le reste.

— Mais non. Je ne sais rien du tout.

— Quand le régisseur a annoncé que Violette