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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/319

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— Oh ! on le retrouvera bien. Et je me charge de le traiter selon ses mérites. Mais, pour le moment, mon cher, je ne puis que vous engager à prendre la chose philosophiquement. Je vous reverrai demain.

Et se tournant vers Bécherel qui faisait assez piteuse mine, M. de Mornac lui dit froidement :

— Maintenant, monsieur, j’ai une explication à vous demander. Veuillez me suivre.

Les témoins de cette scène n’avaient pas soufflé mot et ils laissèrent volontiers partir le colonel avec ce jeune extravagant qu’ils prenaient pour l’amant de cœur de la fauvette envolée.

Robert se laissa emmener sans rien dire. Il commençait à croire qu’il avait eu tort d’accuser M. de Mornac et à regretter d’avoir été si vif.

— Monsieur, commença le colonel, quand ils furent dans la rue, je vous…

Puis, se reprenant aussitôt :

— Non… monsieur, c’était bon devant ces cabotins, mais pour causer à nous deux, ça me gênerait. Je préfère te tutoyer, comme j’en ai l’habitude. Tu n’y gagneras rien, je te le promets, car ton incartade te coûtera cher.

En attendant que je te la fasse payer, je vais rentrer chez moi à pied par les boulevards, et tu vas m’accompagner jusqu’à l’entrée du faubourg Poissonnière. D’ici là, j’aurai le temps de te dire ce que j’ai sur le cœur.

— Comme il vous plaira, mon colonel, murmura Bécherel.

— D’abord, reprit M. de Mornac, ne va pas t’imaginer que je te tiens quitte du geste que tu