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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/322

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que tu avais une jambe cassée… ou quelque chose de pareil, et que tu demandais à la voir immédiatement.

— Et c’est ce Marcandier qui a écrit les trois lettres. Je comprends maintenant pourquoi, dans celle que j’ai revue avant de venir au théâtre, il me disait que la soirée finirait mal pour moi.

— Il est possible que ce soit lui, mais il a certainement des complices et de plus d’une espèce. D’abord, Herminie et sa mère qui l’ont poussé. Et puis, un monsieur quelconque, tout disposé à faire un sort à Violette.

— Galimas ! s’écria Robert. Il était dans la salle ; mais qui vous fait croire ?…

— Mon cher, Marcandier, si scélérat qu’il soit, n’a pas enlevé Violette pour l’assassiner. Il a dû s’entendre avec le coulissier pour lui amener la petite, et ils espèrent tous les deux qu’elle se laissera tenter par les offres brillantes que lui fera Galimas. Ils sont même capables de la garder en chartre privée jusqu’à ce qu’elle se décide. Mais il faudra bien qu’ils lui rendent la liberté un jour ou l’autre, à moins qu’elle n’accepte les propositions malhonnêtes de ce manieur d’or.

— Oh ! mon colonel !

— Je ne le crois pas, mais il faut tout prévoir. Et si cela arrivait, il ne te resterait plus qu’à oublier ton infidèle. Si, au contraire, elle résiste, ils finiront forcément par la relâcher et elle n’ira pas porter plainte. Tu seras même le premier à lui conseiller de se taire. Je suis donc d’avis que pour le moment tu n’as qu’à te tenir au repos.

— Et vous n’agirez pas non plus ! vous souffrirez que…