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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/332

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comprends les femmes, moi, et je sais qu’il ne faut jamais contrarier les vocations. Vous êtes née artiste ; vous le serez. Et je ne vous demanderai qu’un peu de reconnaissance. Oh ! je ne serai pas exigeant. Je n’ai pas la prétention de vous inspirer une passion profonde. Mais quand vous me connaîtrez mieux, vous verrez que je suis un bon garçon et vous vous habituerez à moi.

Violette se sentait mourir de frayeur et de honte. Elle était à la merci de cet homme et forcée d’entendre son langage infâme. Que répondre à ses cyniques propositions et que faire pour s’y dérober ?

— Voyons, reprit-il en se rapprochant d’elle, ne soyez pas si farouche. On dirait que je vous fais peur. Je vous jure que je ne vous veux pas de mal… au contraire.

— Si vous faites un pas de plus, la fenêtre est là, dit la jeune fille. Plutôt que de vous appartenir, je me briserai le crâne sur le pavé.

À l’accent et au geste de Violette, Galimas comprit qu’elle le ferait comme elle le disait, et il s’arrêta. Mais il ne se tint pas pour battu. Il se disait qu’il avait affaire à une nature exaltée et que s’il cherchait à brusquer l’aventure, il ne ferait qu’exaspérer Violette. Il la tenait et il savait bien qu’elle ne pouvait pas lui échapper. Mieux valait donc essayer de la prendre par la douceur.

— Calmez-vous, mademoiselle, je vous prie, dit-il sur un tout autre ton. Vous vous méprenez sur mes intentions. Si je vous ai demandé de vous éloigner de cette fenêtre, c’est que si vous y restez, vous allez prendre froid… je m’intéresse à votre