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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/342

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avaient amené la jeune fille dans ce coupé qu’elle prenait pour celui du colonel.

En entrant dans la chambre où elle attendait que son sort se décidât, Galimas vit qu’elle ne s’était pas éloignée de la fenêtre, et sans s’approcher d’elle, il lui dit :

— J’ai réfléchi, mademoiselle, et je ne veux pas que vous gardiez de moi un mauvais souvenir. Vous feriez bien de rester ici jusqu’à demain, mais vous n’y êtes pas forcée. Dès à présent, vous êtes libre de quitter cette maison. Vous ne voulez pas vous servir de ma voiture. Vous vous en irez donc à pied. C’est une grosse imprudence. Permettez-moi seulement de vous dire qu’au boulevard extérieur, vous trouverez très probablement un fiacre. Permettez-moi aussi d’ajouter que je reste à votre disposition, quoi qu’il arrive. Je m’estimerais très heureux qu’il vous plût de m’écrire que vous avez changé d’avis. Je demeure rue du Quatre-Septembre, 31.

Et Galimas, qui n’avait fait qu’entrebâiller la porte, disparut sans laisser à Violette le temps de le remercier.

Elle en avait cependant bonne envie, car elle croyait l’avoir converti, et elle prenait au sérieux l’offre inattendue qu’il lui faisait de partir.

Elle resta pourtant assez perplexe, car elle ne s’expliquait pas que cet homme renonçât subitement à poursuivre ses desseins odieux, mais ce n’était pas le moment de délibérer ; il pouvait se raviser, et mieux valait profiter de l’occasion.

Elle se décida donc à quitter la fenêtre protectrice. Galimas avait laissé la porte entr’ouverte.