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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/343

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Elle écouta et elle l’entendit descendre. Quand le bruit de ses pas n’arriva plus jusqu’à elle, Violette attendit encore un peu, afin de lui laisser le temps de sortir de l’hôtel, s’il était de bonne foi.

Et, après cinq minutes qui lui parurent fort longues, elle se décida à risquer l’aventure.

Elle se glissa dans l’escalier, toujours brillamment éclairé, et elle arriva sous le vestibule, sans rencontrer personne.

La porte cochère était ouverte à deux battants. Elle se précipita et se trouva sur le quai désert.

Elle ne savait pas où elle était, ni de quel côté se diriger, mais l’important, c’était de fuir et elle se mit à courir, en rasant les maisons. L’eau noire du canal lui faisait peur. Elle se disait qu’elle finirait bien par arriver dans un quartier plus fréquenté ou par rencontrer une voiture. Et elle allait droit devant elle sur le pavé glissant.

Elle marchait ainsi depuis un certain temps, lorsqu’elle entendit derrière elle le roulement cahoté d’un fiacre qui arrivait aux petites allures.

Si ce fiacre était vide, c’était la providence qui le lui envoyait. Elle s’arrêta et elle attendit.

Bientôt, elle le vit poindre ce fiacre secourable, conduit par un cocher, à moitié endormi, qui laissait trottiner ses deux rosses, évidemment parce qu’ayant fini sa journée, il rentrait à sa remise.

C’était le cas ou jamais de se montrer et Violette, s’avançant jusqu’au milieu de la chaussée, appela ce cocher emmitouflé jusqu’aux yeux dans un immense carrick à l’ancienne mode.