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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/349

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Cette pensée brisait le cœur de la pauvre fille et lui enlevait sa dernière espérance. Elle n’attendait plus rien que la mort et elle l’appelait de tous ses vœux.

Ce fut le sommeil qui vint, le lourd sommeil qui suit les grandes crises, un sommeil sans rêves, un sommeil de plomb.

Combien de temps dormit-elle ainsi ? Elle ne le sut jamais et quand elle se réveilla, elle ne se souvenait plus de rien. Elle ouvrit les yeux, mais ce fut pour les refermer aussitôt.

Le jour était venu ; il tombait d’en haut et il l’éblouissait, quoiqu’il fût assez terne.

Un souffle qu’elle crut sentir sur son visage la fit tressaillir et la tira de l’assoupissement où elle restait plongée.

Son premier regard rencontra celui d’une femme agenouillée près d’elle, une femme dont la figure touchait presque la sienne et dont les lèvres murmuraient des paroles indistinctes.

Violette laissa échapper un cri de surprise et se redressa vivement. La femme ne bougea pas et continua de la dévorer des yeux.

— Qui êtes-vous ? demanda la jeune fille d’une voix tremblante. Êtes-vous donc prisonnière comme moi ?

Elle n’obtint pas de réponse, mais elle entendit cette fois les mots que répétait l’inconnue.

— Simone, disait-elle, Simone où es-tu ?

— Simone ? c’est mon nom.

— Ce n’est pas vrai… tu mens… Simone est morte. Tu dis cela pour m’éprouver… comme cet homme qui est venu ici et qui voulait m’emmener.

— Et si j’étais cette Simone que vous croyez morte ?…