Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par le cou et une de ses mains se posa sur l’épaule de la jeune fille effrayée.

Le costume de fauvette était assez décolleté.

— Ce signe ? demanda la recluse, en touchant du doigt un point noir qui tranchait sur la blancheur de la chair nue.

— Je l’ai depuis que je suis née, murmura Violette.

— Ma fille ! tu es bien ma fille ! s’écria la pauvre femme, en l’étouffant de baisers.

Ce fut pendant quelques instants un échange d’étreintes et de sanglots.

— Ah ! Je le savais bien, que vous étiez ma mère ! disait Violette. C’est Dieu qui nous a réunies.

— Oui, nous mourrons ensemble… car s’ils t’ont jetée dans un cachot, c’est qu’ils veulent te tuer. Les connais-tu, les monstres ? Raconte-moi ta vie… Que faisais-tu quand ils t’ont prise ?… Pourquoi te traitent-ils comme ils m’ont traitée ?

— J’ai été élevée par charité dans un couvent de religieuses… plus tard, j’ai été sous-maîtresse dans un pensionnat près de Paris… puis, demoiselle de compagnie chez une dame qui se fait appeler la comtesse de Malvoisine.

Violette s’arrêta. Il lui en coûtait de dire à sa mère qu’elle avait fini par chanter sur un théâtre, et pourtant elle s’attendait à être interrogée sur l’étrange costume qu’elle portait, mais la séquestrée n’y prit pas garde. Depuis qu’elle gémissait dans le grenier de Marcandier, la malheureuse avait eu le temps d’oublier comment s’habillent les jeunes filles.

Il ne paraissait pas non plus que ce nom de Mal-