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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/358

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— Herminie ! s’écria Bécherel.

— Parfaitement. Elle fut inscrite sous le nom de sa mère sur les registres de l’état civil, et elle l’a porté jusqu’au jour où la modiste, après une éclipse assez longue, sur laquelle les renseignements font défaut, reparut à Paris, titrée comtesse de Malvoisine. Il y a de cela environ quinze ans. Le temps a passé sur cette métamorphose et personne aujourd’hui ne se souvient de Joséphine Lureau. Elle n’a laissé de traces que dans les archives de la préfecture.

— Et Marcandier, mon colonel ?

— M’y voici. Ce Morgan, père d’Herminie, qu’il n’avait pas reconnue, probablement parce qu’il était marié, reparut en même temps que sa maîtresse et sa fille, acheta un hôtel pour elles, un hôtel pour lui ; et se fixa définitivement à paris, où il mena, du reste, une existence très retirée et assez mystérieuse, s’absentant pendant des mois entiers, ne se montrant jamais chez la prétendue comtesse et n’affichant aucun luxe, quoiqu’il ait une douzaine de millions déposés en compte courant à la Banque de France… le préfecture en a la preuve.

Bécherel n’écoutait pas sans quelques impatiences ce récit où il n’était pas question de Violette.

— Morgan, reprit le colonel, ramenait un homme qui, lui, ne se cachait pas du tout, et qui se fit très vite connaître à la Bourse par des coups heureux. Celui-là, c’est ton usurier : Pierre Marcandier, dit Rubis sur l’ongle.

— Et il est commandité par le père d’Herminie… un affreux chenapan, selon toute apparence.