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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/369

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M. de Mornac ne demandait pas mieux, pour beaucoup de raisons. Une entrevue dans une chambre aurait eu des dangers. En plein air il n’en courait aucun.

Il suivit donc Morgan qui s’arrêta au milieu d’une allée, à dix pas du perron, et qui lui dit de but en blanc :

— Nous sommes seuls. Qu’est-ce que vous me voulez ?

— Je vais vous le dire.

— Je l’espère bien. Mais d’abord, qui êtes-vous ?… Je ne vous connais pas.

— Pierre Marcandier me connaît, lui.

— C’est possible. Votre nom ?

— Mon nom ne vous apprendrait rien. Il vous suffira de savoir que je suis envoyé ici par M. le préfet.

— Quel préfet ?… Je m’en moque, des préfets.

— Par M. le préfet de police.

— Un mouchard ! Ah ! mille tonnerres ! nous allons voir. Jean-Marie ! cria Morgan, à pleins poumons.

Avant que le valet qu’il appelait eût le temps d’accourir, le colonel tira son revolver de sa poche, et dit froidement :

— Si vous ne renvoyez pas votre domestique, je vais tirer en l’air et les agents qui m’attendent dans la rue Milton vont entrer ici.

Jean-Marie montrait déjà son nez sur le haut du perron, mais son maître lui cria :

— Tiens-toi dans le corridor et n’ouvre à personne.

— La recommandation est inutile, reprit M. de