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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/370

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Mornac. Si j’appelais mes agents, ils enfonceraient la porte.

Et vous avez tout intérêt à ne pas faire de scandale, car je viens simplement vous demander des explications sur un fait. Si celles que vous allez le fournir me paraissent satisfaisantes, je n’aurai plus qu’à me retirer. Et vous ne serez plus inquiété.

En ce moment, la figure de Morgan était curieuse à observer. Il se demandait évidemment s’il allait se jeter sur le visiteur et l’étrangler de ses larges mains, ou s’il valait mieux filer doux et le laisser parler.

Il n’aurait sans doute pas hésité, s’il avait eu la conscience nette.

— Je n’ai rien à démêler avec la police, dit-il enfin. Je suis un ancien armateur ; j’ai quinze millions et j’ai gagné honorablement ma fortune.

— Je sais à qui j’ai affaire, interrompit M. de Mornac. Nous sommes renseignés sur vous, monsieur, et il est certain que, depuis quinze ans que vous vous êtes fixé à Paris, vous menez une existence irréprochable.

— Il est heureux que vous le reconnaissiez.

— Je n’en pourrais pas dire autant d’un homme auquel vous accordez votre confiance. Pierre Marcandier nous a été signalé plusieurs fois comme se livrant à des opérations usuraires.

— Ça ne me regarde pas. Pierre a navigué avec moi dans le temps. Il était intéressé dans les affaires commerciales et il a gagné de l’argent. Je ne m’occupe pas de ce qu’il en fait.

— Je comprends cela… d’autant mieux qu’il vous représente auprès de Mme la comtesse de Malvoisine… votre ancienne amie.