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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/371

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À ce nom, Morgan tressaillit, mais il se remit très vite.

— Vous êtes bien informé, dit-il, mais je suppose que vous n’êtes pas venu ici pour me parler de mes relations avec cette dame. Dites-moi ce qui vous amène et finissons-en.

— Voici. Une plainte a été portée contre vous tout récemment, et je suis chargé de vérifier si elle est fondée. On vous accuse de séquestration arbitraire.

— Séquestration arbitraire ! répéta Morgan, du ton d’un homme qui ne comprend pas cette qualification donnée par le Code pénal à un crime assez rare. Qu’est-ce que c’est que ça ?

— En d’autres termes, reprit M. de Mornac, on vous accuse d’avoir enfermé une personne contre sa volonté et de la retenir de force. Or, la loi punit sévèrement les attentats à la liberté individuelle… Vous ne l’ignorez pas.

— Qui m’accuse ?

— Des voisins qui se plaignent d’être gênés par les cris de cette personne… elle ne cesse, affirment-ils, de hurler et d’appeler au secours… à ce point que, la nuit, ses lamentations les empêchent de dormir.

— Des voisins ? Je n’en ai pas. Vous voyez que mon hôtel est complètement isolé. Il donne d’un côté sur la rue, de l’autre sur ce jardin qui confine à des terrains vagues.

— Mais ce bâtiment qui est là, au fond ?

— Un grenier à fourrages où personne ne couche. Je vous le répète que la plainte n’a pas le sens commun. Ceux qui l’ont portée ont sans doute un inté-