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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/377

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— Non. Je ne m’en suis même jamais servi. Mais elle est dans mon secrétaire et je vais la chercher.

Il rentra dans son hôtel et le colonel resta seul au milieu du jardin. Il y était en sûreté, puisque Bécherel et les agents auraient entendu le signal qu’il aurait donné, au cas où Morgan et ses gens seraient venus l’attaquer. Mais il n’avait pas songé que Morgan pourrait décamper et cette idée qui lui vint tout à coup fit qu’il regretta de ne pas l’avoir accompagné.

En y réfléchissant, il se rassura. Morgan, s’il avait eu l’intention de fuir, n’aurait pas commencé par faire des aveux.

Et M. de Mornac n’était pas éloigné de croire que ces aveux étaient sincères et que cet homme n’était pas le grand coupable. Qu’il eût fait jadis la traite des nègres, qu’il eût même été pirate, rien de plus probable ; qu’il eût rendu sa femme très malheureuse, c’était certain. Mais rien ne prouvait qu’il mentît en disant qu’il l’avait fait enfermer parce qu’elle était réellement folle.

Et il n’était pas impossible non plus qu’il fût de bonne foi en affirmant que sa fille avait été enlevée pendant son absence et qu’il déplorait sa disparition.

Quoi qu’il en fût d’ailleurs, il ignorait certainement que cette fille qu’il croyait morte était enfermée avec sa mère dans le grenier de Marcandier.

Un Morgan tout nouveau se révélait au colonel qui croyait tenir l’auteur principal des malheurs de Violette, un Morgan qui avait été navigateur sans scrupules, et détestable mari, mais non pas père dénaturé.