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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/378

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Le scélérat complet c’était ce Marcandier, l’âme damnée de la fausse comtesse de Malvoisine, le perfide conseiller de Morgan, l’exécuteur impitoyable de l’ordre d’emprisonnement qu’il lui avait arraché, le geôlier barbare de la pauvre folle, le lâche gredin qui venait de condamner Violette au même supplice que sa mère, et cela assurément à l’insu de Morgan.

— Je réglerai plus tard le compte de celui-là, se disait le colonel. Mais que va-t-il se passer si vraiment Violette est là-haut ?… il se peut que cette Julia n’ait pas dit la vérité au groom de Robert et qu’on ait logé Violette ailleurs que dans cette prison de famille… mais si elle y est, comment va se terminer l’entrevue entre le père et la fille ? Ils ne se reconnaîtront pas, mais Morgan demandera des explications… je ne me chargerai pas de lui en fournir… du moins pas immédiatement… la scène serait trop pénible pour Violette.

Morgan reparut, tenant à la main une énorme clé ; il avait la mine résolue d’un homme qui vient de prendre un parti dans une conjecture grave et qui ne regrette pas de l’avoir pris.

— Je vais vous satisfaire, monsieur, dit-il froidement, et je compte sur votre impartialité pour rendre à ceux qui vous envoient un compte exact des faits. Vous n’avez qu’à me suivre. Je sais où est le local et j’en connais le chemin, quoique je n’y sois jamais entré.

— Quoi ! jamais ? s’écria Mornac.

— Non. Marcandier seul y entre. Il vient tous les soirs, que je sois à Paris ou que je sois en voyage, apporter des vivres à cette malheureuse… et je