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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/381

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déjà très bien rentée, Herminie pourrait encore épouser un marquis, puisque c’est sa manie.

Le colonel tombait de son haut, car il ne s’attendait guère à entendre parler ainsi le protecteur de Marcandier, dit Rubis sur l’ongle. Mais ce langage imprévu dissipait ses derniers doutes. Évidemment, cet homme n’avait à se reprocher que d’avoir permis qu’on enfermât sa femme et il n’avait pas trempé dans l’enlèvement de Violette.

Le vrai criminel c’était Marcandier.

Et il ne tenait qu’à Violette de rentrer de plain-pied dans sa situation d’opulente héritière. Mais à quel prix ! Un père comme celui qui se disait prêt à la reconnaître n’était pas fait pour lui plaire, et il se pouvait qu’elle le reniât. M. de Mornac avait même beaucoup de peine à croire qu’elle fût la fille d’un tel homme et la sœur de cette Herminie qui lui ressemblait si peu.

— Venez, monsieur, lui dit Morgan. Venez, je vous prie, et finissons-en.

Il se dirigea vers le bâtiment placé au fond du jardin, et précéda le colonel dans un escalier tournant qui les conduisit, au premier étage, devant une porte massive.

— C’est ici, dit-il. Je vais vous ouvrir, mais je ne sais si je dois entrer. Vous n’avez pas besoin de moi pour faire votre enquête.

— J’aime mieux que vous y assistiez, répondit M. de Mornac, qui avait ses raisons pour ne pas se montrer seul aux deux prisonnières.

— Comme il vous plaira.

Morgan chercha la serrure. On n’y voyait pas très clair et il eut quelque peine à la trouver. La