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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/380

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Morgan fit un geste qui signifiait : c’est possible, mais je me serais justifié.

— Je vous dis tout cela, reprit le colonel, pour vous montrer que vous faites sagement de mettre fin à une situation très périlleuse pour vous.

— Je ne demande pas mieux que d’en finir, dit Morgan, mais comment ?… qu’allez-vous en faire, de ma femme ? Je ne peux pourtant pas vivre avec elle.

— Vous la placerez dans une maison de santé. Votre fortune vous permet de lui assurer une existence aussi heureuse que possible. On ne vous demandera pas d’explication sur le passé, quand vous l’y conduirez. Et cette résurrection de votre femme légitime ne changera rien à votre vie, car vous n’avez pas, je suppose, le projet d’épouser Mme de Malvoisine.

— Oh ! non. Marcandier m’y a quelquefois poussé, mais je l’ai envoyé au diable.

— Ainsi, il vous conseillait de devenir bigame. Diable ! c’eût été grave…

— Et puis j’en ai assez du mariage… et de la comtesse. J’ai fait mon testament. Herminie héritera de moi. C’est ma fille, après tout. Vous allez me dire qu’on n’est jamais sûr de ces choses-là… mais je le crois, jusqu’à preuve du contraire. Si l’autre n’était pas morte…

— L’autre ?

— Oui, celle qu’on m’a volée.

— Eh bien ? demanda vivement M. de Mornac.

— Herminie n’aurait pas ma fortune. Et ce serait bien fait, car elle ne vaut pas cher. Je lui laisserais de quoi vivre, pourtant. Et, comme sa mère est