Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les trois ; mais, dans le jardin, le grand jour l’éblouit, la force lui manqua et elle fut obligée de s’asseoir sur un banc.

Elle se taisait maintenant et à l’excitation provoquée par la vue de Morgan avait succédé une profonde torpeur.

— Où est Robert ? demanda Violette qui avait pris place à côté d’elle.

Le colonel était resté debout, afin d’être prête à tout événement.

— Il m’attend tout près d’ici, répondit-il. Vous sentez-vous le courage de ramener votre mère chez vous dans l’état où elle est ?

— Je ne veux plus la quitter. Mais… cet homme ?…

— Cet homme est moins coupable que vous ne le croyez. Et puis… c’est votre père.

Violette fondit en larmes et M. de Mornac reprit :

— Ne pensez-vous pas, comme moi, qu’il ne vous reste qu’à l’oublier ?

— Hélas ! oui, murmura la pauvre enfant.

— Vous renoncerez donc à venger votre mère. Je vous approuve. Mais il ne faut pas qu’il cherche à vous revoir, lui, et si vous ne craignez pas de rester ici sans moi, pendant quelques instants, je vais lui signifier votre volonté… et la mienne.

Violette ne répondit que par un signe de tête et M. de Mornac s’en alla droit à l’hôtel où il pensait trouver Morgan.

Il ne rencontra personne dans le corridor par lequel il était entré. Le domestique n’était plus là pour le renseigner et ne sachant à qui s’adresser, le colonel monta un premier étage.