Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y trouva une porte ouverte et il entra dans une chambre qui devait être celle du maître, mais le maître n’y était pas.

Il allait appeler, lorsqu’une voix lui cria :

— Attendez-moi, je vous prie, je suis à vous.

Cette voix partait d’une autre pièce qui n’était séparée de la première que par un rideau en soie du Japon, rapporté sans doute par Morgan d’un voyage dans l’extrême-Orient.

M. de Mornac pensa qu’il pouvait bien accorder quelques minutes à ce père repentant et il se rapprocha de la fenêtre qui donnait sur le jardin, où il vit la mère toujours assise, immobile et silencieuse, près de sa fille.

Son attitude disait assez qu’elle se laisserait emmener sans résistance, et c’était un grand point, car le colonel redoutait par-dessus tout une scène qui aurait pu attirer les passants de la rue Milton.

— Me voici, monsieur, dit Morgan qui entra, portant un large pli cacheté. Veuillez prendre cette enveloppe et la remettre à sa destinataire. Elle contient l’acte de naissance de ma fille et son signalement que je fis établir, certifier par des témoins et légaliser à la mairie du Havre, peu de temps après sa disparition… alors que je n’avais pas encore reçu la fausse nouvelle de sa mort.

Avec cette pièce, elle fera reconnaître ses droits qui, d’ailleurs, ne seront pas contestés, car je viens de brûler mon testament.

J’y ai joint mon acte de mariage avec sa mère. Simone Morgan est ma fille légitime, ma fille unique. Elle est donc de plein droit ma seule héritière.