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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/389

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Plus d’héritage ! Morgan, avant de se tuer, avait brûlé son testament. Et impossibilité absolue de contester la filiation de Simone, Morgan ayant pris soin de remettre sous pli au colonel les pièces qui établissaient cette filiation d’une façon certaine.

Ces dames de la rue du Rocher ont consulté des avocats illustres qui leur ont démontré l’inanité de leurs prétentions. Un enfant non reconnu ne peut recueillir la succession de son père naturel qu’en vertu d’un testament régulier. Et Herminie n’avait pas pris la peine de se faire donner un double du testament détruit. Sur quelles bases auraient-elles pu intenter un procès à Mlle Morgan ?

Elles avaient d’ailleurs de quoi se consoler, car la fausse comtesse tenait des anciennes libéralités de son amant un capital représentant une soixantaine de mille francs de rente.

Et elles se sont en effet consolées. Trop consolées même, car Mme de Malvoisine ne se gêne pas maintenant pour dire confidentiellement à ses amies que sa chère Herminie est la fille d’un grand seigneur espagnol et que la mort subite de son prétendu oncle n’a rien changé à sa situation de fortune.

Elle ne ment qu’à demi. Le véritable père d’Herminie est un acteur qui jouait jadis en province les rôles de Mélingue.

Morgan n’en a jamais rien su et Violette n’a pas le désagrément d’être la sœur consanguine de cette belle personne qui suivra certainement les exemples de sa mère.

Il valait mieux que sa réputation, ce Morgan, quoiqu’il eût fait un peu les mauvais métiers et vécu comme un cynique, méprisant les règles