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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/390

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sociales qu’il traitait de préjugés, ne reconnaissant d’autre loi que sa volonté, bravant l’opinion du monde et tyrannisant ceux qui l’entouraient.

Il n’avait peut-être eu dans toute son existence qu’un seul bon sentiment : il aimait sa fille.

Sa femme, Canadienne de naissance, douce et faible créature, épousée au pied levé à New-York, pendant un de ses voyages, n’avait jamais été qu’une victime de son despotisme. Mais, tout en faisant souffrir la mère, il s’était attaché à l’enfant et il ne s’était jamais consolé de l’avoir perdue.

Enfin, sa mort volontaire avait presque racheté sa vie criminelle.

Telle était du moins l’opinion du colonel qui admettait la légitimité du suicide dans certains cas et qui, avec juste raison, s’en prenait à Marcandier des malheurs de Violette.

L’enquête ouverte par M. de Mornac, après la mort tragique de Morgan, l’avait complètement édifié sur l’infâme conduite de ce drôle enrichi par Morgan dont il était devenu le mauvais génie.

Tout dévoué à Joséphine Lureau, qui alors, n’était pas encore comtesse, Marcandier avait profité d’une absence de son bienfaiteur pour lui enlever Simone, avec la complicité d’une coquine à tout faire, la Rembûche, qu’il avait récompensée en la prenant à son service. C’était la Rembûche qui avait conduit l’enfant à Rennes et qui l’avait abandonnée sur une promenade publique. Marcandier avait profité du désarroi où ce malheur avait jeté Morgan pour le persuader de priver de sa liberté la mère à moitié folle de douleur. Il s’était offert de la garder et Dieu sait comme il l’avait traitée.