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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/391

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Ce dossier, rassemblé par le colonel, aurait suffi à faire arrêter, condamner et enfermer ce misérable dans une prison plus légale et moins dure que le grenier où avait gémi si longtemps la mère de Violette.

L’enlèvement remontait à quinze ans et pour ce premier crime, la prescription était acquise à Marcandier, mais la séquestration arbitraire qui venait de prendre fin tombait sous l’application de la loi pénale.

Et cependant, M. de Mornac, après s’être concerté avec son ami de la préfecture, s’était décidé à ne pas recourir à l’intervention de la justice, par égard pour Violette qui aurait été obligée de témoigner devant la cour d’assises appelée à juger le bourreau de sa mère.

C’était le cas ou jamais d’agir par mesure administrative.

Marcandier mandé à comparaître et menacé d’arrestation immédiate, s’est résigné à s’expatrier.

Il est allé exercer en Angleterre, où son industrie de prêteur à usure est tolérée, plantant là Julia Pannetier, la comtesse de Malvoisine, la belle Herminie, et laissant l’affreuse Rembûche garder la maison de la rue Rodier, en attendant qu’il trouve à la vendre.

Il prospèrera peut-être de l’autre côté du détroit, mais en France, personne ne l’a regretté.

Mme de Malvoisine et sa fille disent de lui pis que pendre ; Julia, pour se consoler de la perte des subsides qui lui allouait, vit maritalement avec Florimond, le ténor des Fantaisies Lyriques ; la Rembûche vend pièce à pièce les meubles de son digne