Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insignifiantes et des seigneurs sans importance. Violette continuait à jouer des quadrilles et des valses. Robert vint à elle et fut très étonné de la trouver en pleurs.

— Qu’avez-vous, mademoiselle ? lui demanda-t-il affectueusement.

— J’ai tout entendu, balbutia la jeune fille. Vous avez eu une querelle… vous allez vous battre…

— Rassurez-vous, mademoiselle, l’affaire s’arrangera et si vous n’avez pas d’autre sujet de chagrin…

Mme de Malvoisine vient de me signifier qu’elle me renvoie. Demain, je quitterai sa maison.

— Ah ! c’est indigne !… Et sous quel prétexte… ? que vous reproche-t-elle ? Serait-ce de m’avoir répondu quand je vous ai parlé ?… Alors ce serait moi qui serais cause…

— Ne vous en affligez pas, monsieur. J’étais lasse de supporter les humiliations dont on m’abreuve ici. Je vivrai comme j’ai toujours vécu… de mon art… Et, du moins, je serai libre.

— Et je ne vous verrai plus ! s’écria Robert.

— Pourquoi pas ? J’ai confiance en vous. Dites-moi où je puis vous écrire et si vous me promettez de ne m’offrir que votre amitié…

Robert tira une carte de son portefeuille, vide de billets de banque, et la glissa dans la main de Violette, qui la prit en lui disant tout bas :

— Partez, monsieur, je vous en supplie. On nous regarde.