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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/46

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— Eh bien, viens demain matin, à onze heures, déjeuner avec moi chez Champeaux. Tu me raconteras en déjeunant la visite à Marcandier. Après, nous irons ensemble à la Bourse et je te ménagerai un entrevue avec Galimas, lequel, si tu veux bien me laisser faire, te présentera ses excuses.

— Soit ! je les accepterai. Après tout, je ne tiens pas essentiellement à m’aligner avec cet individu. Donc, c’est convenu. Demain matin, après la restitution faite, je demanderai un congé pour toute la journée et mon patron ne me le refusera pas.

— Tu vois, mon cher, que je suis bon à quelque chose. J’ai eu tort de t’amener ici, puisque nous nous y sommes enfilés tous les deux d’une forte somme, mais je t’ai fourni le moyen de te tirer d’affaire. Et quant à la perte, nous n’en mourrons ni l’un ni l’autre. Seulement, elle m’a creusé l’estomac. Allons faire un tour au buffet.

— Ma foi, non, j’aime mieux m’en aller. J’en ai assez des comtesses et des coulissiers. Reste, toi. Je m’en vais.

— Comme tu voudras. Mais tu ne partiras pas, je suppose, sans prendre congé de ta préférée. Il me semble que ses yeux te cherchent. Ne la fais pas languir. Moi je passe dans la salle à manger, à seule fin de dire deux mots à un pâté de foie gras. À demain. Prends le fiacre qui nous a amenés. J’en trouverai un autre.

La partie d’écarté continuait, mais le salon avait changé d’aspect. Les femmes, y compris Mme de Malvoisine et Mlle Herminie, étaient allées souper. Le colonel Mornac n’était plus là. Il ne restait à faire cercle autour de la cheminée que des dames