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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/49

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CHAPITRE II

À vingt-quatre ans qu’il avait, Robert de Bécherel n’était pas encore revenu des illusions et des enthousiasmes de sa première jeunesse. Il devait cette prolongation d’adolescence à l’éducation qu’il avait reçue.

Fils d’un père qui ne prenait rien au sérieux et d’une mère pieuse jusqu’à l’austérité, tendre jusqu’à la faiblesse, ignorante du mal et ne sachant rien du monde, Robert tenait de tous les deux, par ses défauts et par ses qualités.

De son père, il avait hérité l’insouciance, ou plutôt l’inconscience des devoirs de la vie et une fâcheuse légèreté de conduite.

De sa mère, il avait la bonté du cœur, la délicatesse des sentiments, et aussi une naïveté dangereuse dont il ne s’était pas encore corrigé.

Trois années passées dans l’ancienne capitale de la Bretagne, après son volontariat, lui avaient plutôt nui que servi.

À Rennes, où son nom lui ouvrait toutes les portes, il était devenu promptement une espèce de coq de clocher. Sa figure, sa tournure, ses manières dis-