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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/59

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de quelqu’un qui se lamentait, et cette voix paraissait être celle d’une femme.

Après avoir fait encore une douzaine de pas dans l’obscurité, Bécherel rencontra un obstacle qui lui barra le passage et en palpant avec ses mains, il sentit que cet obstacle était une porte en fer, garnie de gros clous en saillie, comme une porte de prison.

Et il fallait que les gémissements fussent bien forts pour qu’il les entendît à travers cette clôture cuirassée.

— Bah ! pensa-t-il, c’est peut-être tout simplement une femme qui accouche.

Pour s’assurer qu’il avait deviné, il colla son oreille contre le battant, et il lui sembla entendre, entrecoupées de sanglots, des paroles qui n’avaient pas de sens déterminé.

Il n’en distinguait qu’une, qui revenait sans cesse et qui pouvait être : « mignonne » ou « ma bonne ».

La finale était en : « onne ».

Et ce mot lui parut être plutôt un appel qu’une plainte. À qui s’adressait-il ? Robert ne s’en doutait pas, mais il se dit que lorsqu’on appelle, c’est qu’on a besoin de secours, et il frappa du poing contre la porte blindée en criant le plus haut qu’il put :

— Hé ! là-dedans ! qui êtes-vous ? que demandez-vous ?… que puis-je faire pour vous ?

Non seulement on ne lui répondit pas, mais le bruit cessa immédiatement.

Bécherel frappa encore, à grands coup de pied, cette fois, il cria à tue-tête et sans plus de succès.