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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/60

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La personne qui tout à l’heure gémissait si bruyamment, se taisait maintenant, de même qu’un chien, enfermé dans sa niche, cesse de hurler quand il entend claquer le fouet de son maître. Aux cris avait succédé un silence profond.

— Au diable la geigneuse ! s’écria Bécherel. Je suis bien bon de m’inquiéter des lamentations d’une fille qui se tait quand on l’appelle, et, puisque je me suis trompé de porte, je vais me remettre en quête de Marcandier. C’est égal !… il se passe chez lui d’étranges choses, et je me propose de lui en dire deux mots… si je parviens à le trouver, car sa maison me paraît être machinée comme un théâtre, et j’ai une peur atroce de mettre le pied sur une trappe, dans cet infernal corridor. Il ne me manquerait plus que de tomber dans les bras de cette affreuse vieille de l’entresol.

Il rebroussa chemin et il n’eut pas cette mauvaise chance.

Il sortit sans accident de ce long corridor ; il se retrouva devant l’autre porte, bien fermée celle-là, et il s’aperçut qu’elle était munie d’une sonnette. Il vit aussi que la serrure de celle qu’il avait poussée manquait et il comprit pourquoi la portière lui avait demandé s’il était le serrurier.

Il s’agissait maintenant de pénétrer chez l’usurier et, pour se conformer aux instructions de Gustave, Robert sonna trois fois, coup sur coup.

Une longue minute s’écoula sans que rien bougeât dans l’appartement et il allait recommencer lorsqu’il vit apparaître, derrière un guichet subitement ouvert, deux yeux qui le regardaient, deux yeux jaunes qui brillaient comme de l’or ; des yeux de fauve.