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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/64

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que vous ne teniez pas à passer pour un joueur, aux yeux de votre patron. La négociation que nous allons conclure ne sera connue que de vous et de moi. Je ne compte pas ce cher Pitou. Il est un peu léger, mais il est trop lié avec vous pour se lancer dans des bavardages qui pourraient vous nuire.

— Pas si lié que vous croyez. Je l’ai connu au régiment où j’ai fait mon volontariat et je l’avais complètement perdu de vue, lorsque je l’ai rencontré, hier.

— Il m’a raconté cela. Et, croyez-moi, il a de sérieuses qualités, en dépit des apparences. Il a le tort de jeter l’argent par les fenêtres, mais il sait en gagner beaucoup. C’est un homme à idées. Il arrivera, je n’en doute pas, à faire une grosse fortune et il pourrait vous aider à faire la vôtre.

— C’est à quoi je ne songe guère, dit Bécherel, avec un mouvement d’impatience.

Marcandier vit le geste et reprit sur un autre ton :

— Excusez-moi, monsieur. Lorsque je me trouve en face d’un homme qui me plaît, je me laisse volontiers aller au plaisir de la causerie et j’ai un peu trop oublié l’objet de votre visite. J’y reviens et il ne nous reste plus qu’à échanger votre signature contre dix billets de banque. Les voici. Je paie toujours rubis sur l’ongle.

Tout en parlant il plaçait sur la table un effet à remplir et un paquet de dix billets de mille francs qu’il venait de prendre dans un tiroir de son bureau.

— Vous souriez ? dit-il en regardant Bécherel. Bon ! je devine que Gustave vous a parlé de mon