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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/63

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que l’argent est une marchandise dont la valeur varie comme celle d’une maison que son propriétaire loue plus ou moins cher, suivant qu’il trouve plus ou moins facilement des locataires.

Et la preuve que j’ai raison, c’est que la Banque de France élève ou abaisse à son gré le taux de ses escomptes, en se basant sur la rareté ou sur l’abondance du numéraire.

— Ah ! ça, pensait Bécherel, est-ce qu’il va me faire un cours d’économie politique ?

— Et pour finir par un autre exemple, je puis bien vous dire que vous n’auriez pas recours à moi, si vous ne vous trouviez pas dans un embarras momentané. Vous possédez un patrimoine très suffisant pour vous permettre d’emprunter à cinq pour cent chez le premier notaire venue une somme beaucoup plus importante que ces malheureux dix mille.

— C’est Gustave qui vous a dit cela ?

— Ce n’est pas de lui seulement que je tiens mes renseignements. Je vous connais depuis longtemps, sans que vous vous en doutiez, ou plutôt je connais votre situation de fortune. Elle n’est pas énorme, mais elle est solide, puisqu’elle consiste en immeubles non grevés d’hypothèques.

Vous vous demandez comment je suis si bien informé. C’est bien simple. Je suis en relations d’affaires avec M. Labitte, et il m’a quelquefois parlé de vous.

— J’espère que vous ne lui parlerez pas de moi, s’écria Robert.

— Pour qui me prenez-vous ? Je suis discret par état comme un médecin… et je comprends très bien