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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/66

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avoir reçu ici. Gustave aurait dû tout simplement vous amener aujourd’hui à la Bourse. J’y vais tous les jours et il sait où m’y trouver. Il est vrai que je n’y arrive guère qu’à une heure et que vous étiez pressé d’avoir les fonds. Or, ce cher Gustave connaît mes habitudes. Je traite ces sortes d’affaires ici, de huit à dix, le matin, mais je vous prie de croire que je n’habite pas cette masure. J’ai mon hôtel à moi, rue Mozart, à Passy. L’immeuble délabré où vous me voyez m’est échu dans l’héritage d’un oncle. J’y ai fait meubler la pièce où nous sommes et j’abandonne le reste à la surveillante d’une concierge aussi vieille et aussi laide que la bâtisse qu’elle garde.

Ce lieu m’est commode pour y donner audience aux gens qui viennent me demander des services et que je ne tiens pas recevoir dans mon véritable domicile.

— Je comprends cela, murmura Bécherel qui ne disait pas ce qu’il pensait, car la vie en partie double de ce capitaliste marron lui semblait au moins bizarre.

Et il se promenait bien de ne pas partir sans lui avoir dit deux mots de ses aventures dans l’escalier.

— Les emprunteurs préfèrent aussi cet arrangement, continua l’intarissable Marcandier, car si on les voyait entrer chez moi, à Passy, on soupçonnait qu’ils viennent me demander de l’argent et leur crédit en souffrirait, tandis que, dans cette rue écartée, ils ne craignent pas de rencontrer des personnes de leur connaissance.

Et ceux qui viennent ci ne s’en vantent pas.