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CHAPITRE I

C’est l’hiver, l’affreux hiver de Paris, la saison maudite où le ciel fond en eau sur les pauvres diables qui pataugent dans la boue, faute d’argent pour prendre un fiacre.

Il fait nuit et la pluie, chassée par des rafales de l’ouest, fouette au visage les passants qui cheminent à contre-vent sur les larges trottoirs du boulevard Montmartre.

Ceux-là se font des boucliers avec leurs parapluies ; ceux qui viennent en sens inverse se servent des leurs pour se garantir par derrière, et, comme les uns et les autres avancent en courbant la tête sous l’averse, il se produit des abordages.

— Faites donc attention ! vous avez failli m’éborgner.

— Que le diable vous emporte ! vous avez écrasé mon chapeau… un chapeau tout neuf !

Après avoir échangé ces aménités, les deux