Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de passer rue d’Enghien avant d’aller retrouver son ami au restaurant, place de la Bourse.

Ainsi fit-il, mais au lieu de monter dans le cabinet du banquier, il entra chez le caissier, un vieux bonhomme avec lequel il était en excellents termes.

— Mon cher Maingard, lui dit-il, le patron m’a chargé hier soir d’aller remettre dix mille francs à un des clients de la maison, M. de Brangue, rue de l’Arcade. Je n’ai pas trouvé ce monsieur chez lui, et je vous rapporte la somme.

— Il vaut mieux la remettre à M. Labitte lui-même, répondit le caissier. Il l’a prise sans doute sur ses fonds personnels, et je n’ai pas d’ordres pour la recevoir.

— Encaissez-la tout de même. Je ne veux pas voir le patron. Je lui ai écrit pour lui demander congé aujourd’hui.

— Il n’a peut-être pas reçu votre lettre, car il vous attend. Il m’a fait appeler tout à l’heure pour me recommander de vous envoyer chez lui, si je vous voyais ce matin.

— Diable ! il est capable de me garder et j’ai disposé de ma journée. Enfin !… puisqu’il y tient, j’y vais. J’espère que je n’y resterai pas longtemps.

Le cabinet de M. Labitte touchait au bureau du caissier. Robert n’eut qu’une porte à ouvrir.

Il trouva le banquier écrivant une lettre.

— Monsieur, lui dit-il, je vous rapporte les dix mille francs. M. de Brangue était absent et je viens…

— Asseyez-vous, interrompit M. Labitte, sans cesser d’écrire. J’ai à vous parler.

Ce financier était un homme de soixante ans pas-