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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/72

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cet usurier, déguisé en homme du monde, qui venait de lui prêter avec tant de rondeur la bagatelle de dix mille francs.

Et cependant il se demandait s’il se demandait s’il n’était pas tombé en de mauvaises mains. M. Rubis-sur-l’ongle lui était suspect. Il entrevoyait un accord entre ce personnage et Mme de Malvoisine. Il se disait que, dans la vie ordinaire, les affaires d’argent ne se traitent pas si légèrement.

L’incident du corridor lui trottait aussi par la cervelle. Il soupçonnait que les plaintes qu’il avait entendues n’étaient pas celles d’une femme en couches et qu’elles ne partaient pas, comme l’affirmait Marcandier, d’une maison contiguë à la sienne.

Mais les préoccupations tristes ne prenaient jamais racine dans l’esprit de Robert.

— De quoi vais-je m’inquiéter ? murmura-t-il en faisant craquer ses doigts. J’ai l’argent et trois mois devant moi pour le rendre. Que m’importent la belle Herminie et les machinations des gens qui la soutiennent ? J’aime mieux penser à cette adorable Violette, et si je puis la revoir, je me moque du reste.

Il s’agissait maintenant de réintégrer la somme dans la caisse de son patron. Il aurait pu remettre la restitution au lendemain, puisqu’il venait d’écrire à M. Labitte pour lui annoncer qu’il ne viendrait pas au bureau ce jour-là ; mais il crut qu’il valait mieux se débarrasser tout de suite de cet argent.

Gustave ne l’attendait qu’à onze heures pour déjeuner chez Champeaux. Il avait donc largement le temps