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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/77

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me séparer de vous, elle recevra le coup le plus douloureux qui l’ait frappée, depuis la mort de votre père. Il y a huit jour, je lui écrivais que j’étais très content de vous et il me faut maintenant lui annoncer un malheur… que, pas plus qu’elle, je n’avais prévu, croyez-le bien.

Le souvenir de sa mère, évoqué par M. Labitte, toucha Robert. Ses nerfs se détendirent et les larmes lui vinrent aux yeux.

Mais son orgueil blessé reprit vite le dessus. Il se raidit contre l’émotion qui le gagnait, et il dit sèchement :

— Alors, vous me renvoyez ? Vous me chassez de chez vous ? reprit-il, en regardant d’un air de défi M. Labitte qui répondit, sans s’émouvoir du ton et de l’attitude de son secrétaire :

— C’est vous qui m’y forcez. Et j’ai la ferme conviction d’agir dans votre intérêt. Je ne méconnais pas vos qualités. J’ai eu depuis un an le temps de les apprécier et je rends pleine justice à votre intelligence et à votre activité. Mais il a suffi d’une occasion pour vous détourner du bon chemin. D’autres occasions se présenteront et vous succomberez encore. Je crois donc que vous devez quitter une situation où vous seriez fréquemment exposé à des tentations nouvelles. Choisissez une carrière où vous n’aurez jamais aucune responsabilité d’argent. Ce sera pour vous le salut. Je souhaite que vous y réussissiez et je vous y aiderai, si je puis.

— Merci ! dit ironiquement Robert. Nos relations prennent fin en ce moment et vous n’entendrez