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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/78

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jamais parler de moi. Mais je veux savoir ce que vous avez écrit à ma mère.

— Je lui ai écrit que vous avez joué et que je ne puis plus vous garder chez moi. Je me suis abstenu d’ajouter que vous avez perdu une somme qui ne vous appartenait pas. Si vous ne me l’aviez pas rendue, je n’en aurais pas dit davantage.

Mais ma résolution est irrévocable.

— Je n’essaierai pas de vous en faire changer et il ne me reste qu’à vous demander encore une fois à qui je dois un désagrément dont je me consolerai sans peine.

— Je ne suis pas tenu de vous nommer la personne qui m’a renseigné et je m’étonne que vous cherchiez à me blesser par des paroles amères, car je vous ai parlé avec une modération dont vous devriez me savoir gré. Tout ce que je puis vous dire, c’est que, si vous connaissiez mieux ce Paris où vous me paraissez disposé à vous lancer à l’étourdie, vous sauriez que la maison dans laquelle on vous a entraîné et de celles où l’indiscrétion est à l’ordre du jour. Il y vient toutes sortes de gens qui ne se croient pas obligés de taire ce qui s’y passe. Le hasard a amené ici ce matin quelqu’un qui vous y a rencontré et qui ne m’a rien dit qui ne me fût vrai… vous avez été obligé d’en convenir.

Restons-en là, monsieur. Et comptez sur ma discrétion, à moi. Votre mère seule saura ce qui s’est passé. Rien ne vous empêchera donc de dire à vos amis que vous m’avez quitté volontairement.

Un court salut du banquier clôtura l’entretien. Robert le lui rendit à peine et sortit sans ajouter un seul mot.