Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui que je viens de perdre. Le colonel Mornac, qui connaît tout Paris, se chargera volontiers de m’en procurer un. Ma mère, qui le connaît, se rassurera lorsqu’elle saura que je l’ai retrouvé et qu’il s’intéresse à moi.

C’est égal ! ajouta-t-il entre ses dents, je donnerais le peu d’argent comptant qui me reste pour savoir quel est le drôle qui m’a dénoncé… et je ne m’en doute pas. Les habitués du salon Malvoisine ne sont pas des gens d’affaires et ne fréquentent pas les financiers… Mais, si ! il y a ce Galimas qui est coulissier… et les coulissiers vont prendre des ordres dans les maisons de banque… Galimas aura su, par cet animal de Gustave, que j’étais le secrétaire particulier de Labitte, et ce matin il aura régalé le patron de mon histoire de jeu. Parbleu ! ça tombe bien. J’ai déjà un compte à régler avec lui. Il me paiera tout à la fois. Je le souffletterai en pleine Bourse. Justement, Gustave m’a proposé de m’y conduire, après notre déjeuner. Quand j’aurai administré un bon coup d’épée au sieur Galimas, je m’en irai à Rennes, et j’y passerai un mois avec ma mère pour la consoler.

Ce projet le rassérénait déjà. Mais tout à coup, il se frappa le front, en disant :

— Et Mlle Violette ! je ne peux cependant pas l’abandonner.

Robert l’avait fort oubliée, cette pauvre Violette, depuis qu’en franchissant le seuil de la maison de l’usurier, il avait mis le pied dans un engrenage qui l’avait traîné où il en était, c’est-à-dire à se trouver sur le pavé, avec la charge d’une grosse dette, fort peu d’argent disponible, un duel en