Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perspective et ce mécontentement de soi-même qu’on éprouve quand on s’est mis dans un mauvais cas, par sa faute.

Car il avait beau s’évertuer à se justifier à ses propres yeux ; il sentait bien, au fond, que depuis la veille, il n’avait fait que des sottises.

La première de toutes avait été de jouer, la seconde d’emprunter de l’argent à un homme dont il aurait dû se défier et de s’être mis à sa merci en lui souscrivant un billet, sans indication d’échéance ; la troisième d’avoir répondu par des insolences aux très justes reproches de M. Labitte.

Il ne lui en restait plus une seule à commettre, à moins de s’embarquer dans de nouvelles aventures qui pourraient bien se dénouer d’une façon moins anodine.

Mauvaise situation, s’il en fut, pour se constituer le défenseur envers et contre tous d’une jeune fille qu’il connaissait à peine.

Et cependant, il y était décidé, sans trop savoir comment il s’y prendrait pour venir en aide à cette pianiste persécutée.

— Bah ! se dit-il, j’aurai un conseil et un allié en la personne du colonel.

Robert faisait fond, pour toutes choses, sur cet excellent colonel Mornac, qui lui portait un vif intérêt, mais qui n’était peut-être pas disposé à l’appuyer à tort et à travers, ni à soutenir toutes les causes qu’il plairait à son jeune ami de prendre en main.

Robert ne doutait de rien et la leçon qu’il venait de recevoir ne l’avait pas désabusé de ses illusions sur la vie, sur les hommes et même sur les femmes.