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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/85

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table de jeu… et je t’avertis que non intention est d’aller, en sortant d’ici, à la Bourse… à seule fin de lui coller une paire de gifles.

— Ce sera vif… mais il ne les aura pas volées… à moins qu’il n’ait parlé sans mauvaise intention. Il ne savait pas que l’argent que tu m’a passé au commencement de la partie appartenait à ton patron… et en allant voir Labitte pour lui demander ses ordres, comme il le fait tous les matins, il aura bavardé.

— Voilà encore que tu cherches à l’excuser !… Tu ferais mieux de t’excuser toi-même de ne m’avoir pas dit que cet homme connaissait Labitte.

— J’ai eu tort.

La conversation tomba momentanément. Robert pensait à la vengeance qu’il allait tirer de Galimas, et Gustave s’était mis tout à coup à réfléchir, ce qui ne lui arrivait pas souvent.

Il n’en perdait pas un coup de fourchette pour cela et Robert, qui avait faim, mangeait aussi vigoureusement. Les contrariétés ne coupent pas l’appétit à un garçon de vingt-quatre ans.

— Écoute, reprit l’ami Gustave, après un assez long silence, Galimas s’est conduit comme un polisson. Je vais lui payer, tout à l’heure, les dix mille francs que je lui dois et après… je lui dirai ce que je pense de son procédé… Il ne tiendra qu’à lui d’avoir deux duels au lieu d’un. Mais occupons-nous de toi. Que vas-tu faire, maintenant que tu as perdu ta place ?

— Je n’en sais rien. Au pis-aller, je retournerai à Rennes.

— Voilà ce que j’appelle un parti désespéré. Tu