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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/86

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t’y abrutiras et tu y mangeras bêtement ton bien. Veux-tu rester à Paris et gagner de mille à deux mille francs par mois pour commencer ?

— Ne te moque pas de moi. Je n’ai pas envie de rire.

— Je ne plaisante pas. Si tu veux travailler avec moi, je te garantis que tu encaisseras de jolis courtages.

— Me faire remiser ? Jamais de la vie ! D’abord, je n’entends rien aux affaires de Bourse.

— Qu’as-tu donc appris chez Labitte ?

— J’étais chargé de sa correspondance, et il ne m’envoyait pas à la Bourse. C’était convenu avec ma mère.

— Ah ! si tu as peur de faire de la peine à maman !…

— Je suis libre de mes actions. Mais, je te le répète, je ne me sens aucune aptitude pour le métier que tu me proposes et je n’en sais pas le premier mot.

— Je te l’apprendrai et après cinq ou six leçons, tu en sauras autant que moi. Admire dès à présent tous les avantages qu’il assure à ceux qui le pratiquent. Regarde les messieurs qui déjeunent près de nous et ces petits jeunes gens qui bourdonnent autour d’eux comme des mouches.

— Ils ont tous la même figure… des yeux noirs, des cheveux frisés, on se croirait dans le pays des Hébreux.

— On y est. Tu sais bien que, si tous les spéculateurs ne sont pas Israélites, tous les Israélites sont