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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/93

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plut et qui faisait sa partie dans ce concert de propos ininterrompus.

— Monsieur, lui demanda-t-il en portant la main à son chapeau, pourriez-vous me dire ce qui se passe ?

— Parfaitement, monsieur. On baisse parce que M. de Bismark vend des primes.

— Comment, monsieur ?

— Vous voyez ce gros homme qui a le nez rouge et des favoris taillés en côtelettes ?… Eh bien ! c’est le premier secrétaire du prince de Bismark. Il a été envoyé ici par son maître, tout exprès pour peser sur les cours.

Robert comprit que ce farceur se moquait de lui. Il pâlit de colère et il allait l’apostropher rudement, lorsque survint un autre commis qui prit par la taille le donneur de renseignements facétieux et lui cria :

— Qu’est-ce que tu fais ici ? Le patron te cherche partout. Il y a une dépêche. On vient de l’afficher. La nouvelle du Tonkin n’était qu’un canular. La rente remonte. Avant cinq minutes, on aura rattrapé le cours d’ouverture. On est déjà à quatre vingt-deux cinquante.

Ils partirent tous les deux comme des chiens courants qui ont débusqué un lièvre et ils étaient déjà hors de portée avant que Bécherel eût trouvé l’impertinence qu’il cherchait pour en cingler le polisson auquel il avait eu la fâcheuse idée de s’adresser.

Ils se perdirent dans la foule, si vite que Robert dut renoncer à les poursuivre.

— J’ai donc l’air bien provincial que ce drôle se