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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/98

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d’être mieux informés que les gens comme nous et de faire à leur gré la hausse ou la baisse ? Ils jouent à coup sûr ceux-là… à l’écarté, ça s’appelle tricher.

Robert, étourdi par cette avalanche de sophismes, baissait la tête et ne savait trop que répondre.

— Tiens ! reprit Gustave, ton ex-patron, le vertueux Labitte… crois-tu qu’il s’abstient de profiter des renseignements particuliers qui lui arrivent ?… Je te garantis que s’il avait su tout à l’heure ce que mon homme est venu me dire, il aurait vendu de la rente par brassées et il aurait gagné des millions, lui qui peut opérer sur une grande échelle. Ne sois donc pas enfant. Envisage la vie telle qu’elle est… une lutte perpétuelle où tout ce qui n’est pas défendu est permis.

Et surtout, ajouta en riant le cynique remisier, ne te plains pas que la mariée est trop belle. Ce matin, avant de déjeuner avec moi, tu n’avais que des dettes… tu parlais d’aller t’enterrer à Rennes… et tu déplorais, sans pouvoir y remédier, le malheur de la jeune Violette. Maintenant, la roue de la Fortune a tourné pour toi. Te voilà possesseur d’un joli capital… rien ne te force plus à quitter Paris… et rien ne t’empêche de venir en aide à ta préférée. L’argent, c’est le nerf de la guerre… en amour comme ailleurs…

— Assez là-dessus ! Si je me décide à accepter ma part, ce sera pour rembourser ce Marcandier… et je commencerai par gifler Galimas.

— Encore ! Tu as la rancune tenace. Moi, quand j’ai gagné, je pratique volontiers le pardon des injures. Je viens de le voir, Galimas. Il est en plein