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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/97

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— Non, si j’abandonne mon bénéfice.

— Tu ne peux pas l’abandonner. L’agent te mettra en demeure de recevoir et si l’argent ne sort pas de sa caisse, on dira que tu l’y as laissé pour servir de couverture à de futures opérations. Donc, tu n’as à choisir qu’entre deux alternatives : ou me remettre de la main à la main la totalité de la somme, ou ce qui serait plus sage, garder ta part et me remettre le reste.

Mais, quoi que tu fasses, ils faut que tu touches.

— Que le diable t’emporte, avec tes inventions, tes initiatives et ta manie de m’associer malgré moi à tes entreprises !… cette nuit, tu m’as mis de moitié dans ton jeu, sans me consulter. Il m’en a coûté dix mille francs et ma place… et voilà que maintenant tu me fourres sans me prévenir dans une opération véreuse !…

— Qui te rapporte plus du triple de ce que tu as perdu chez Mme de Malvoisine et qui te permet dès à présent de te passer de ton emploi chez Labitte. Et au lieu de m’en savoir gré, tu me dis un tas de choses désagréables ! En vérité, tu m’affliges avec ta naïveté. La Bourse n’est pas un salon où on se fait des politesses, et on ne s’y bat pas à armes courtoises. Ici, mon cher, c’est le combat pour la vie. Les forts et les habiles mangent les faibles et les niais… et personne ne plaint les morts qui restent sur le carreau. Tu parles de manœuvres déloyales ?… Ici, elles le sont toutes. T’imagines-tu par hasard que les hauts barons de la finance se privent d’utiliser leurs millions et leurs relations qui les mettent à même