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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/161

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

du commandant de Brou ? N’est-ce pas affreux ? Leur demander quelque chose et leur dire merci ! Heureusement qu’à Chevilly nous retrouverons la terre française. J’espère parvenir à voir André et tu peux compter aussitôt sur une lettre qui ne parlera que de lui.

André à madame de vineuil.
Lignes de la Conie, 20 novembre.

Ah ! chère maman, qu’il est donc temps qu’on nous fasse remuer ! Voici maintenant vingt jours écoulés depuis notre affaire de Coulmiers, et vingt jours auxquels le charme a manqué, croyez-moi. Nous n’avons fait que recevoir la pluie, jeûner et user nos semelles (ce qui est plus sérieux que vous ne pensez) à faire quelques corvées ici et là. On tombe malade en masse, et ce n’est point étonnant. Cela fait trop d’eau sur les épaules et point assez de vivres dans l’estomac pour des soldats si nouveaux. Dites à Robert que nous menaçons de faire comme ses armées de sucre qui fondaient à la pluie. C’est affreusement triste de voir tout ce pauvre monde toussant, fiévreux, agonisant faute des choses les plus simples. Les morts du champ de bataille m’ont, fait moitié moins

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