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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/303

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

messieurs, et il me semble que c’est au tour de quelque autre à les posséder. Non qu’ils soient méchants, loin de là, mais ce sont des gens émus, et par cela même émouvants, buveurs, gâcheurs, braillards, en tout ennemis jurés du calme dont nous avions tant besoin et que nous espérions retrouver en retrouvant notre chez-nous.

6 janvier.

Je l’avais bien prévu : nos francs-tireurs s’en sont allés ce matin par une porte comme les Prussiens arrivaient par l’autre ; — ces derniers demandaient depuis combien de temps les francs-tireurs étaient partis. Je crois vraiment qu’ils ont une peur effroyable les uns des autres.

Quelle tristesse de se retrouver entourés de tous ces uniformes ennemis ! Il est trop certain que nous venons d’essuyer encore une défaite. Le général Rousseau a subi deux attaques à la Fourche, près de Nogent ; il a perdu des canons, on ne sait encore combien, et il se concentre maintenant à Margon. Des hussards allemands disent avoir perdu beaucoup de monde à la Fourche et aussi à la Gaudaine, mais je me méfie quelque peu de leurs propos. Ils sont assez malins pour avoir remarqué qu’annoncer de