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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/132

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de vous dire mon ſecret ? Il eſt dans mon cœur, & n’en ſortira point que je ne ſois… Reſpectez-le, vous vous repentiriez de l’en avoir arraché. Quel qu’il ſoit, je le condamne, repris-je. Perſonne n’eſt moins faite que vous, pour le genre de vie auquel vous vous deſtinez. Je le croyois de même, dit-elle… Alors je me méprenois à l’objet de mon bonheur. — Votre bonheur ! Eſpérez-vous le trouver dans un Cloître ? — J’y trouverai ce que je deſire, le ſeul bien qui puiſſe encore m’arriver.

L’obſcurité des paroles de ma ſœur, ajoutoit infiniment à ma curioſité ; je fis de nouveaux efforts pour l’engager de les rendre plus claires ; elle s’en impatienta. Vos queſtions ſont trop indiſcretes, me dit-elle : pourquoi m’en fatiguer, quand je vous ai fait ſentir que je ne voulois pas y répondre ? — Eh bien je n’en ferai plus, puiſque vous me refuſez la confiance que je me flattois de mériter ; mais ſouffrez que je vous exhorte à vous épargner de très-longs, de très-inutiles repentirs. Tout vous eſt inconnu ; le monde, ſes plaiſirs, la douceur d’aimer, celle d’être aimée, dont la ſeule idée vous enchantoit… qui peut-être vous enchanteroit encore, lorſque vous ne ſeriez plus maîtreſſe de ſuivre votre goût… Quel ſupplice ! Partagée d’une ame ſi vive, ſi ten-