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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/139

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mais réparer la perte. Si vous reſtez fidelle à vos engagements, les lumieres que vous aurez acquiſes, vous ſerviront à juger les autres. Si la tentation devient trop forte, elles vous rendront capable de ſauver les dehors, qui font, dans le fond, le grand, & très-grand article.

Quels propos ! m’écriai-je ; ſi c’eſt une plaiſanterie, elle eſt bien mauvaiſe ; ſi vous parlez ſérieuſement, vous m’outragez pour votre ſeul plaiſir… Laiſſez-moi ; vous ne méritez pas d’avoir une femme honnête & ſenſible.

Je me levai pour mettre fin à une convention révoltante. Le Baron m’obligea de me raſſeoir. Voilà de l’enfance, me dit-il ; tâchez donc d’entendre raiſon, de ſentir vos beſoins & vos reſſources.

Vous débutez dans une carrière périlleuſe qui vous eſt inconnue, & dont je poſſede la carte ; je propoſe de vous y ſervir de guide : vous m’en faites un crime. Aimeriez-vous mieux que je n’euſſe l’œil ouvert ſur vos actions que pour en concevoir des alarmes ? que j’allaſſe fouiller dans les replis de votre cœur, pour y découvrir la matiere d’un reproche ? que j’empoiſonnaſſe vos jours & les miens par les fureurs de la jalouſie ? Oui, repliquai-je, oui, Monſieur, je l’aimerois mille fois mieux. Vos injuſti-