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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/138

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Je ſais que l’apparition inattendue d’un homme qu’on a beaucoup aimé, contre lequel on n’eſt peut-être pas encore bien affermie, doit néceſſairement cauſer quelque trouble ; mais on ſe remet ; on ne fixe pas l’attention des ſpectateurs par ſa bouderie, ſon humeur, ſes diſtractions ; on ne ſe refuſe pas, dédaigneuſement, aux badinages, aux careſſes d’un mari, parce que ſon rival en eſt le témoin… Réellement vous n’êtes pas plus formée, ſur cet article, qu’une petite fille. Les conſeils d’un ami vous ſont néceſſaires : de bon cœur je vous offre les miens.

C’eſt pouſſer loin la complaiſance, dis-je avec ironie, que de vouloir enſeigner à ſa femme l’art de déguiſer ſes ſentiments. — Eh ! les auriez vous moins, quand vous les afficheriez dans tout Paris ? Ce ne ſeroit aſſurément qu’une faute de plus. — J’en conviens, auſſi n’eſt-ce pas ce que j’entends ; mais que vous y mettez bien peu d’importance, comme mari, puiſque vous vous réduiſez au rôle de précepteur avec autant de déſintéreſſement. — Cette conſéquence eſt fauſſe, je vous en avertis. Mon offre ſignifie ſimplement que je ſuis raiſonnable, que je prévois vos dangers, & veux vous rendre un ſervice, en vous aidant à conſerver l’eſtime publique, dont on ne peut ja-