Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 37 )

tié, comme j’avois déjà fait. Le plus ou le moins de ſupercherie avec moi-même, m’étoit égal.

Je ne délibérai donc plus que ſur la maniere de communiquer mon plan à Rozane, & de le lui faire agréer. Les occaſions ne me manquoient pas : nous jouiſſions, à la campagne de ma mere, d’une plus grande liberté qu’en aucun lieu du monde ; mais je voulois que mon ſujet fût amené : j’en épiois l’inſtant favorable ; il s’offrit.

Obligée de répondre à pluſieurs lettres, j’annonçai, une après-dînée, que je n’irois pas à la promenade. Mes dépêches furent expédiées plus promptement que je ne l’avois cru ; mais ne ſachant où je rejoindrois la compagnie, j’allai prendre un livre chez le Marquis, dans le deſſein de me promener ſeule. L’appartement de Rozane ſe trouvoit ſur mon paſſage… la porte étoit entr’ouverte… il n’y avoit pas d’apparence qu’il y fût ; … cependant je la pouſſai ſans me dire pourquoi…

Aſſis devant une table, le Comte avoit la tête appuyée ſur ſa main gauche, & tenoit de la droite une plume, dont il ne ſe ſervoit point : il rêvoit.

Je ne vous croyois pas ici, dis-je aſſez platement : car s’il n’y étoit pas, qu’eſt-ce que je venois y chercher ?… Ma voix le tira de