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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/150

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ſa rêverie. Il ſe leva précipitamment, & vint à moi comme une perſonne qui, ſortant du ſommeil, auroit eu peine à reprendre ſes eſprits.

Vous ne vous êtes donc point laiſſé tenter pour la promenade ? lui demandai-je. — Non, Madame. — Par quelle raiſon ? — Parce que je n’y aurois pas vu… Mais, interrompit-il, vous aviez ſans doute quelqu’intention en m’honorant de votre viſite. Serois-je aſſez heureux pour vous être utile à quelque choſe ? Oui, Monſieur, vous m’accompagnerez au parc : j’allois y reſpirer le frais, en liſant ; au-lieu de cela, nous cauſerons. Votre converſation me vaudra mieux qu’un livre. Il s’inclina, ſans répondre, & me préſenta la main pour deſcendre. Je ſentis qu’il trembloit ; peut-être je tremblois auſſi… du moins, il eſt certain que j’étois fort émue.

Nous commençâmes de marcher en ſilence. Le vent, le chaud, la ſérénité du temps vinrent enſuite… Un mot… Un autre… Des lacunes… Je bouillois ! Que dire ?… Comment débuter ?… Une occaſion ſi belle alloit ſe perdre par ce ſot embarras… Si j’en voulois finir, il falloit changer mon plan, renoncer aux préliminaires, bruſquer l’explication… Je m’y déterminai.

Comte, dis-je, laiſſons le temps : quelque