Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 55 )

Baron. Je tremblois de tout mon corps, des lumieres affreuſes que j’allois recevoir, & n’eus rien cependant de plus preſſé que de reprendre ma lecture.

Suite de la Lettre de Mademoiſelle d’Aulnai.

„ Je ne m’occupe à décrire mes tourments, que dans l’eſpérance qu’ils enmpoiſonneront les plaiſirs dont vous jouiſſez à mon préjudice : c’eſt la plus douce, c’eſt l’unique conſolation que je veuille & que je puiſſe me procurer, en attendant ma dernière heure.

„ La crainte & la haine ſont les premiers ſentiments qu’on a introduits dans mon cœur… O Dieu ! ne l’aviez-vous formé ſi délicat & ſi tendre, que pour le remplir de tant d’horreurs ?

„ On ne m’accoutuma, ce ſemble, à prononcer le nom de mere, que pour m’apprendre à le redouter ; & celui de ſœur, que pour m’accabler du poids de la comparaiſon. Victime d’une injuſte prédilection, j’en conçus pour vous de l’éloignement, en ſortant du berceau.

„ Les avantages frivoles, mais éblouiſſants que vous aviez reçus de votre éducation ; votre luxe, votre aiſance, l’inſultante vanité que vous en tiriez, & le