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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/18

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répondre ; mais la partie n’étant pas égale, il ſe retira avec une indignation contre Murville, que la ſuite des événements convertit en une haine véritable.

L’éloignement du Comte me fit retrouver des forces. Il ſembla que j’étois moins accablée de mon humiliation, depuis qu’il n’en étoit plus le témoin… J’obéis alors, ſans héſiter, à l’ordre de retourner au Château. Ma mere m’y reconduiſit elle-même… Pendant tout le chemin je fus en butte à ſa colere, & aux railleries déplacées du Chevalier : il s’étoit emparé du livre, & s’égayoit par des remarques qui m’en apprenoient beaucoup plus que je n’en avois imaginé.

On me relégua dans ma chambre juſqu’à ce que Madame de Tournemont eût le loiſir de prononcer ſur mon châtiment. Ma gouvernante, qui s’étoit ſi mal acquittée de ſon emploi, ſut ſévérement réprimandée : elle s’en vengea par des duretés qu’elle me prodigua au hazard, ne ſachant pas ce qui avoit excité l’orage.

Nos parents accordent ſi peu de conſidération aux perſonnes qu’ils chargent de notre enfance, que nous nous accoutumons de bonne heure à les dédaigner d’après eux : c’eſt ce que, dans cette occaſion, je fis éprouver à Marcelle. Ses reproches me pa-